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DEVANT MA PORTE

26 juin 2012

Mais ce jardin (que je pourrais baptiser, comme

Mais ce jardin (que je pourrais baptiser, comme un décalque réalisé sur la première formulation, Le Jardin du Hollandais) souffre d'être écrasé sous la coupole d'un tilleul dont les proportions considérables font écran à la maison. Cet arbre s'est donc développé au-delà de ce qu'autorise l'harmonie d'un modeste jardin dont les buissons mal ébarbés, serrés autour du tronc ou disséminés à l'entour jusqu'au travers de l'enceinte grillagée, selon un plan qui doit moins à la main de l'homme qu'au hasard, donnent l'impression d'être le pied cespiteux d'une plante des champs démesurément agrandie. Aujourd'hui, le vent en écarte les branches dans un mouvement régulier, tout à la fois souple et rythmé, faisant passer sur la ramure un reflet en écailles où les ombres brisées se convertissent en étincelles, avant que celles-ci ne soient rendues à la pénombre qui, de nouveau, descend dans l'arbre à la faveur d'un coup de vent en connivence avec l'azur, — ce ciel si bleu que garde intact la lumière, ce bleu si pur pour lequel le vent se donne un air de vacances, en quête de plaisirs estivaux, de jeux joyeux et bondissants.

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26 juin 2012

23 Juin 2012

26 juin 2012

mais, en réalité, comme je viens de le dire, je

mais, en réalité, comme je viens de le dire, je connaissais moins le nom de Balthus par son œuvre (qu'au demeurant je connais encore mal) que pour l'avoir rencontré dans un article consacré à l'écrivain Klossowsky dans lequel j'appris que Balthus et Klossowsky étaient frères, et l'homme qui venait de parler de Balthus, non, comme on s'en doute, pour discuter de Balthus sur lequel il ne savait peut-être pas grand-chose mais pour dire que le Hollandais et Balthus se trou­vaient ou s'étaient trouvés, d'une façon ou d'une autre, en relation, sans pour autant donner d'indication sur la nature de cette relation, avait eu un coup de menton vers la fenêtre, invitant les autres à se tourner vers les carreaux d'où l'on avait vue sur la maison du Hollandais dont la propriété n'appartenait déjà plus à l'énigmatique Hollandais, désormais loin d'ici, peut-être reparti dans son pays, — peut-être mort, qui sait ? — mais à un couple qui lui-même la céda peu d'années plus tard à un autre couple, de sorte que la maison passa, en moins de vingt ans, aux mains de trois acquéreurs (cinq en comptant les personnes en couple) et qu'elle se trouve aujourd'hui de nouveau en vente comme l'indique un panneau apposé sur le mur de l'entrée principale contiguë à la rue, — entrée bien mal nommée quand on sait que les occupants de la maison ont toujours préféré, sans que naturellement ils se soient jamais consultés, entrer par l'autre côté, soit par le jardin, probablement parce que la rue en pente où ne pénètre que rarement le soleil fait qu'on s'y sent en hiver comme dans une glacière, et qu'on ne s'y sent curieusement pas plus à l'aise en été où sa fraîcheur garde un relent de cave, de souterrain salpêtré et malsain, c'est pourquoi l'on imagine bien que cette rue frileuse (comme on parlait autrefois de frileuse saison) dût servir, du temps où les hivers étaient enneigés, de piste naturelle aux enfants qui faisaient de la luge (ce qu'on ne voit plus guère de nos jours, tout au moins par ici) et c'est bien là la seule joie que cette rue ait jamais été en mesure de donner à ses riverains. Sur l'autre façade, le jardin toujours vert ou peu s'en faut délimite un carré de quinze mètres de côté faisant angle avec la place où, jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, s'était tenu un marché aux bestiaux (qui, soit dit en passant, en matière de bestiaux, ne proposait à la vente que des veaux, des taureaux et des vaches) justifiant qu'on l'appelât (et qu'on l'appelle encore avec je ne sais quel accent qui évoque irrésistiblement en moi une époque où l'on n'avait pas peur de l'emphase) Place du Foirail. 

26 juin 2012

Di 24 Juin 2012

26 juin 2012

Devant chez moi, à l'autre bout de place (dont la

Devant chez moi, à l'autre bout de place (dont la profondeur est de cinquante pas environ), je vois la maison du Hollandais… comme nous continuons à l'appeler, bien que ce Hollandais dont j'ai oublié le nom et qui, de fait, est devenu pour moi énigmatique, n'y vécût, à une époque maintenant éloignée, que cinq ou six ans au cours desquels je ne crois pas l'avoir croisé plus de dix fois, n'échangeant avec lui que les salutations d'usage entre voisins soucieux de préserver des relations apaisées, alors même que j'avais appris incidemment ce qui aurait dû constituer, je pense, l'amorce d'une discussion, sur un sujet pour lequel ma curiosité ne tarissait pas, et qui n'est toujours pas épuisée à ce jour, puisqu'à en croire les informations données par quelques villageois, en particulier, je me souviens, lors d'un apéritif offert par l'un d'eux où j'avais été quelque peu étonné d'être convié, attendu que j'étais le seul invité à n'être originaire du village ni même des lieux proches, écoutant les hôtes se remémorer de vive voix, mimant parfois les scènes, pour la millième fois sans doute, de vieilles histoires de famille dont certains enchaînements m'échappaient trop complètement pour que je me sentisse en droit d'intervenir, de me mêler à la conversation au milieu de laquelle, tout à coup, dans la rumeur des verres qui se vidaient, des mains qui furetaient dans les raviers d'amuse-gueules, quelqu'un dit, sans rapport, me sembla-t-il, avec ce que je venais d'entendre, que le Hollandais fréquentait ou avait fréquenté Balthus, — oui, le peintre Balthus, c'est bien ça—, dont, de mon côté, à l'époque, j'ignorais à peu près tout, quoique je fusse tombé un jour sur la reproduction de ses cartons — des dessins au crayon rehaussés d'aquarelle, si je me souviens bien, mettant en scène des fillettes incontinentes — dans les revues d'art que j'aimais à me procurer et dont, incapable de jeter quoi que ce soit, jusqu'aux choses les plus insignifiantes, j'ai remisé au fur et à mesure, après bien des années, tout un stock au fond de ma penderie, créant ainsi, si j'ose dire, un pilier de revues, — mais ne conviendrait-il pas mieux de parler à ce propos d'une pile? — et regardant, non sans satisfaction, car je trouvais là une manière de distraction, se former peu à peu, par couches superposées, le pilier plus ou moins instable qu'il me fallait et qu'il me faut aujourd'hui encore retaper régulièrement, repoussant autant que faire se peut cet amas de papier imprimé dans l'angle du meuble où il prend appui — n'étant pas assuré de tenir par lui-seul, si l'on peut dire — et au-dessus duquel, séparés par des planches étagées, avoisinent mes sous-vêtements, mes chaussettes en fil d'Ecosse, ainsi qu'un lot réduit d'écharpes, de foulards de soie, de gants en peau, de chapeaux de feutre, de chapeaux de paille, de mouchoirs à carreaux, de gilets à motif en chevrons prévus pour la demi-saison...

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26 juin 2012

22 Juin 2012

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